La Suisse, eldorado des dynasties de l'Asie centrale

Dinara Kulibayeva, épouse du magnat du pétrole kazakh Timur Kulibayev, a acquis pour 74,7 millions de francs suisses (50,5 millions d'euros) une immense propriété à Anières, banlieue huppée de Genève


Genève va-t-elle devenir le point de chute préféré des enfants des potentats d'Asie centrale ? Après l'installation, à l'automne 2008, en qualité d'ambassadrice auprès des Nations unies, de Goulnara, la très glamour fille aînée du président ouzbek Islam Karimov, c'est Dinara, la fille cadette du leader kazakh Noursoultan Nazarbaïev, qui débarque.


Le 23 décembre, Dinara Kulibayeva, épouse du magnat du pétrole kazakh Timur Kulibayev, a acquis pour 74,7 millions de francs suisses (50,5 millions d'euros) une immense propriété à Anières, banlieue huppée de Genève. Cette transaction s'est faite auprès de Rustam Aksenenko, fils de l'ancien ministre des transports russe de l'époque Eltsine accusé en son temps de corruption.


A 43 ans, Mme Kulibayeva dirige le Fonds pour l'éducation Noursoultan Nazarbaïev. Elle est surtout la principale actionnaire, avec son mari, de la banque populaire Halyk, le magazine Forbes lui prêtant une fortune de 2,1 milliards de dollars. En juin, sa soeur aînée Dariga, 46 ans, très influente dans les médias et pressentie pour succéder à son père, avait fait un passage remarqué à Genève. Au cours d'un concert privé, elle s'adonnait à son hobby préféré : le chant, "dans une ambiance étrange, car tout le monde se doutait qu'elle était aussi là pour d'autres affaires", témoigne un des invités.


Le retour en force du clan Nazarbaïev surprend ceux qui ont en mémoire le scandale du "Kazakhgate", déclenché en 1999 par le parquet de Genève. Une enquête sur un vaste système de pots-de-vin émanant de transactions pétrolières et alimentant les comptes suisses du président kazakh et de sa famille avait été ouverte, et près de 84 millions de dollars bloqués à Genève. Sur la base de ce dossier, la justice américaine avait ouvert des poursuites contre l'intermédiaire américain, ex-conseiller de M. Nazarbaïev.


En 2008, la justice suisse ne pouvant poursuivre le président avait accepté de restituer au Kazakhstan les fonds bloqués. Un accord était signé pour que l'argent soit utilisé dans des programmes d'aide à l'enfance, sous surveillance de la Banque mondiale. Ironie de l'histoire, il y a quelques semaines, une nouvelle tranche de ces fonds a été versée. "J'espère que si des proches du président Nazarbaïev acquièrent des biens immobiliers en Suisse, les intermédiaires financiers étudieront à la loupe l'origine des fonds", soupire Daniel Devaud, l'ancien juge d'instruction chargé de l'enquête.


"Mission exploratoire"


A Genève, beaucoup se réjouissent des perspectives ouvertes. Une "mission exploratoire" du service de promotion économique du canton est allée en novembre 2009 au Kazakhstan pour vanter les mérites de la Suisse. Un gros investisseur kazakh aurait mordu à l'hameçon. Un intermédiaire financier genevois raconte, lui, avoir été contacté par une jeune Kazakhe qui officie pour des oligarques désireux d'ouvrir des comptes en Suisse.


Mais l'arrivée à Genève de la fille cadette du président Nazarbaïev pourrait porter ombrage à d'autres puissantes familles kazakhes déjà dans la place. En 2008, l'ex-maire d'Alma-Ata, Viktor Khrapunov, accusé de corruption, avait fui le pays avec son épouse, et s'était réfugié dans une villa à Cologny, acquise 32 millions de francs suisses. Jusqu'ici, ses investissements dans l'industrie hôtelière de luxe, pilotés par son fils Ilias, prospéraient. "Désormais, les Khrapunov pourraient rencontrer des difficultés", prédit une source.


Ce scénario de guerre des clans ne semble pas concerner la fille du président ouzbek Goulnara Karimova. Cette diplômée de Harvard occupe tout l'espace. En Ouzbékistan, elle est à la tête d'un empire de télécoms, publicité, médias, et restauration. Elle se prévaut d'activités de bienfaisance avec sa fondation Fund.forum.uz. A Genève, si on la voit peu au Palais des nations, siège de l'ONU, Goulnara s'adonne à sa passion du luxe. Madame l'Ambassadrice a enregistré plusieurs disques de variété sous le nom de Googoosha et vient de créer pour Chopard une ligne de bijoux, Guli for Chopard.


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